Olivier s'est lancé le 26 juillet sur une épreuve d’ultra distance tout terrain en bike- packing : 1040 km et 24000 de dénivelés positifs, pour la première fois.
Le départ est à 6h30 du matin à Pontgibaud et dès le départ, l’aventure est épique. Nous arrivons en effet à 6h22 avec trois gros sacs de courses à caser dans les deux petits sacs du vélo. C’est un peu la panique. Le vélo est juste prêt aussi de la veille et pas vraiment testé avec ses équipements.
Le départ est donné, nous sommes 18 concurrents avec devant nous quelques concurrents de la course complète ( SEA TO PEAK) et derrière nous également.
- Première étape : Pontgibaud-Murat 154 km/ 3522m de dénivelé
Pour ce début de parcours, tout va bien, les chemins sont connus, les km défilent tranquillement. Passage au pied du Puy de Dôme ; massif du Sancy, Lac Servières, Lac Chambon, Besse…
Je prends soin de bien m’alimenter et boire car ce n’est que le début. La chaleur est supportable. L’orientation me pose quelques difficultés car mon gps n’est pas bien orienté en ce début de course. Je trouverai plus tard comment le mettre pour que je visualise la carte dans le sens de mon parcours. Nous devons suivre une trace sans balisage et c’est vrai que ces petits détails logistiques sont énergivores mais importants.
Je suis majoritairement seul, mais je retrouve trois autres participants à Murat et nous mangeons ensemble. Pour cela aussi nous sommes en autonomie. Nous pouvons faire des courses ou nous restaurer dans des restaurants mais il n’y a pas de ravitos. Il faut aussi bien calculer pour ne pas trop se charger.
Je repars seul pour entamer la montée du plomb du Cantal et trouver un endroit pour dormir. À la sortie de Murat, je tombe et me fais mal à la main, il est temps de faire la pause de la nuit. Je plante la tente et dodo. Il est environ 23h30. Le réveil est mis pour 5 heures histoire de partir à la fraîche.
- Deuxième étape : Murat- Saint Urcize 133 km/ 2900 m de dénivelé
On attaque donc la journée par la montée au Plomb du Cantal avec des paysages magnifiques entre brume et levé de soleil. Descente dans la vallée de la Truyère, difficile, les bras sont bien secoués, il faut être très attentif. La charge du vélo et ma main endolorie ne me facilitent pas la tâche mais j’avance. Pause déjeuner qui fait du bien au poste de contrôle à Sainte Geneviève sur argence dans un café.
Je quitte le Cantal et fais un bref passage dans l’Aveyron puis je passe l’après-midi à traverser l’Aubrac. Je croise beaucoup de randonneurs et des endroits très fréquentés comme Laguiole et Aumont Aubrac.
Je trouve un camping à Saint Urcize pour recharger les batteries au sens propre (ça aussi c’est une grosse contrainte de course) et au sens figuré. Je prends une douche tout habillé, la lessive est faite
Une petite nuit de récupération, et départ au lever du soleil.
- Troisième étape : Saint Urcize-Plateau du Mont Lozère 135 km et 2600m de dénivelé
Le lever de soleil sur l’Aubrac est magnifique. Toujours beaucoup de randonneurs. Je commence à ressentir des douleurs aux fesses, la peau est entamée et je mets des patchs pour pouvoir continuer.
Je prends à manger en route et file sur les Margerides. J’ai une pensée pour Cyril car c’est une partie que nous avons faite ensemble. Je passe le lac Charpal.
J’arrive à Bagnol-les-bains à 18h. Il est un peu tôt, mais je décide tout de même de me poser dans un restaurant pour manger et recharger les batteries.
Je repars à 20h avec l’ascension du Mont Lozère et plante la tente sur le plateau pour une nuit étoilée magnifique entouré des chevreuils. Je dors bien car la tente est posée sur de grandes herbes qui me font le matelas que je n’ai pas pris pour éviter du poids après des réflexions sans fin et des choix cornéliens à faire. La tente et le Bivy font l’affaire. Je suis seul au monde.
Je m’aperçois plus tard qu’il y avait un lac pas loin, tanpis pour la douche.
- Quatrième étape : Mont Lozère-Berrias 115 km et 1867 m de dénivelé
Je traverse tout le plateau lozérien toujours sous le soleil. Je descends sur l’Ardèche. Je déjeune : café, fruits… et je remonte vers Sainte Marguerite Lafigère. Puis de nouveau une grosse montée sous un soleil de plomb, je suis souvent à pied à pousser le vélo, je m’arrose. C’est dur.
S’en suit une très grosse descente technique sur Le Vans. J’aperçois au loin l’objectif du surlendemain : sa majesté Le Mont Ventoux.
J’arrive à Le Vans, mange une pizza, au milieu d’un marché bondé où les gens écarquillent les yeux devant mon allure d’extraterrestre. Je repars jusqu’au camping où j’ai décidé de passer la nuit et profiter de la douche et d’un peu de confort après deux jours nature. La piscine et la boite de nuit rendent l’endroit pas calme et le sol est dur, du coup, la nuit n’est pas dut tout réparatrice.
- Cinquième étape : Berrias- les vignes de Bédoin 137 km et 2230 m de dénivelé
Journée très très chaude à travers l’Ardèche, puis la vallée du Rhône. La trace est roulante mais l’atmosphère est étouffante. J’arrive à Mornas et fait une halte chez un habitant qui me propose de dormir, manger et laver mes vêtements ce qui me fait beaucoup de bien.
Je repars plus fringuant jusqu’aux contreforts des Dentelles de Montmirail. La pente s’incline de nouveau à partir de Gigondas pour un enchaînement de cotes et descentes très raides. La journée n’en finit pas et j’arrive Bédoin à 21h.
Pause : repas, dodo au pied du Mont Ventoux dans les vignes. Sol très dur de nouveau et récupération difficile.
- Sixième étape : Bédoin-Rosans 111 km et 3050 m de dénivelé
Départ aux aurores comme à mon habitude sur un grand chemin montant où j’alterne vélo et marche.
Je traverse un troupeau de brebis gardé par des patous. Je retiens ma respiration, mais il me regarde sans broncher alors que je passe à 2 mètres de lui.
Au chalet Reynard, dans l’ascension du Ventoux, je me restaure car je suis vidé et je veux prendre des forces pour finir la montée de 6km et 600m de dénivelé. À 11h je suis au sommet du Mont Ventoux, submergé par l’émotion en pensant à tous ceux qui me suivent.
Je me fais prendre en photo, il y a beaucoup de monde et je mets la veste pour entamer la descente à vive allure jusqu’au Mont Serein. Je déjeune à Brantes.Il fait toujours aussi chaud.
J’arrive à Buis les Barronies où je décide d’acheter un matelas, il était temps ! Je traverse les magnifiques paysages de la Drôme provençal entouré des champs de lavande, et avec le bruit des cigales.
En fin de journée, je reçois une mauvaise nouvelle, me coupant soudainement de la course et qui compromettra la suite. J’arrive au camping de Rosans vers 21h ; je mange et dors et prends la décision d’arrêter la course.
Il restait 250 km et trois jours pour rallier Saint Véran. Pour ma part je mets le clignotant pour rejoindre Valence (110km) prendre le train direction Lyon où Cyril viendra me récupérer !
Fin du périple