Il y a 15 jours, après un bel entraînement avec Juliette et Steve (aller-retour en velo au Guéry et parcours du trail du Sancy au milieu), je tombe par hasard sur le trail des Volcans. La forme est là, l'envie est là, le pass sanitaire est prêt : c'est parti, je m'inscris pour le 101km en 2 étapes. Ce sera mon premier dossard avec le maillot XTTR, le dernier dossard était celui du trail du Sancy ! Presque un an plus tôt.

  • Vendredi 20 août

On file le soir pour la récupération des dossards à Saint Ours. Le site internet, le règlement et la "longue" liste des inscrits (38 inscrits pour les 2 jours) laissaient entrevoir une petite course très détendue. En effet, c'est cool pour la récup dossard : pas d'attente et des bénévoles souriants. On dort sur place dans le van, à quelques mètres du départ.

  • Samedi 21 août

Réveil 5h45, Briefing à 6h45, départ à 7h00 : leçon pour le lendemain, prévoir plus de temps pour manger tranquillement et avoir le temps pour les diverses "activités" nécessaires avant le départ. Briefing du responsable de course très détendu : "suivez les rubalises, si vous vous perdez, vous devez avoir étudié le parcours, sinon, vous suivez la trace gps, sauf aux endroits où on a changé le parcours, au pire, vous ferez 3km de trop, pas plus." La course part ! 38 coureurs alignés pour le challenge sur 2 jours et 27 sur le 48km du jour : ça fait une foule raisonnable en ces temps de pandémie. Le parcours (https://www.openrunner.com/r/13559182) est roulant, ça court vite.

Dès les premiers faux-plats montants, me voilà encore et toujours le premier... à m'arrêter de courir pour marcher ! Je remonte un peu le peloton en descente : du classique pour moi. Les chemins sont sympas : pas mal de monotraces, une nature qui s'éveille au soleil levant, des sculptures en roche volcanique. Premier ravito à Fontaube : Nadège m'y attend en vélo. Rien à signaler pour moi. ça avance : j'ai 15min d'avance sur le prévisionnel des 5h30. On commence à monter vers le Puy de Louchadière et des chemins connus à l'entraînement : je marche vite et je rattrape des coureurs qui m'avaient largué sur les faux plats. Je reprends un coureur du Challenge dans la descente et on se fait le plat suivant en discutant et faisant connaissance. On monte ensemble les Puys de Jumes, Coquilles, Clermont et Chopine.

2e ravito à Vulcania : j'ai repris 15min de plus sur le prévisionnel, je suis sur les bases de 5h. Nadège est là et à monter un fan club ! La petite Jade, 2 ans, vient d'apprendre à dire "Aller Doudou" (le classique encouragement de Nadège). Jade est très fière et s'applaudit, ou elle m'applaudit et je suis très fier, je ne sais plus trop !!

Mon compagnon de route prend un peu de temps au ravito, je repars seul : il reste 13km ; un faux plat jusqu'au bas du Puy de Côme puis (presque que) du plat et de la descente jusqu'à l'arrivée. C'est long... très long. Il faut s'accrocher pour garder le rythme sur le plat, c'est un peu plus facile dans les petites descentes. Il faut aussi rester attentif au balisage, certaines épingles sont indiquées furtivement : ça m'entraîne pour de futurs raids en orientation ;-) J'apprendrai à l'arrivée que certains coureurs et coureuses se seront bien paumés dans ces endroits. On double les derniers concurrents du 24km. L'un d'eux m'annonce que je suis 6e ! Je ne sais pas si il parle du scratch ou du challenge, c'est pas très grave. Je suis rejoint par un autre coureur du challenge, on papote, mais il remet un coup d'accélérateur à 3km de l'arrivée et me met 3min ! Ca couine pour courir sur le final et je termine en me disant que le lendemain sera dur, mais que demain sera un autre jour.

Chrono : 4h50 pour 48km 1500mD+... 9.9km/h, il manquait pas grand chose pour le symbolique 10km/h.

Classement : 7e du scratch, 3e du challenge (#pression). Le 1er termine 20min devant moi, il sera dur à aller chercher le lendemain. Nadège me dit qu'il est arrivé en boitant : c'est vexant de prendre 20min par un boiteux !

Repas, douche et repos dans le van : on file à Murat le Quaire pour le départ du lendemain. Je vous conseille le resto Le Relais de la Toinette : on n'y mange bien ! Au dodo.

 

  • Dimanche 22 août

 

Nuit très agitée pour moi. Réveil 5h15. Nadège part en vélo de nuit à 6h30 pour les sommets et être à temps pour m'encourager au lac de Guéry : courageuse ! Briefing à 6h45, départ à 7h00.

Tout grince un peu douloureusement, mais je sais que c'est normal pour une course par étape et que le cerveau va faire taire tout ça avec l'adrénaline du dossard. Briefing du responsable de course toujours très détendu : "suivez les rubalises ou pas, la trace gps ou pas, ou les panneaux mais pas toujours."

Il donne les classements du Challenge : le 1er a jeté l'éponge (le genou n'a pas dû aller mieux). Je suis virtuellement 2e. Le partenaire qui m'a largué sur le final est 3min devant, et mon partenaire de Louchadière est 5 min derrière. On se chambre un peu avant le départ (#pression).

Le parcours (https://www.openrunner.com/r/13526286) part dré dans l' pentu sur le bitume. ça court toujours trop pour moi et je marche rapidement. On file vers le brouillard et la banne d'ordanche. On se perd à l'antenne car pas de balisage : je suis le GPS, on continue, une rubalise avant le sommet, on file vers le col de Saint Laurent. Nadège me signale qu'elle est arrivée au col, qu'elle ne voit pas de coureur ni de rubalise et qu'elle file m'attendre à Guery comme prévu.

En effet, au col, pas de balisage visible dans la brume. Un coureur du challenge nous attend. Il n'a pas la trace et ne connait pas le parcours. Je guide un petit groupe de 5 coureurs. On monte, on fait un virage à 90° au sommet, toujours pas de balisage. Dans la descente avant de rejoindre les pistes de ski de fond, je retrouve le 1er du Challenge. Ils se perdent aussi : on forme un groupe dont je suis l'orienteur (ils vont pas être déçus !).

Sur les pistes de ski de fond, toujours très peu de balisage. Je suis la trace au GPS... sauf que... la trace saute tout à coup sur le chemin d'à côté. 3 options : 1.prendre le temps de dézoomer la trace sur la montre et analyser ; 2. faire demi-tour sur 100m pour prendre le chemin d'à côté :  3. traverser le roncier pour suivre la trace. J'ai 2 de tension & 3 neurones : je prends au plus court. Esprit raideur. 2 coureurs me suivent, les autres font demi-tour. Je me saigne la jambe, mais on gagne 100 mètres.

On arrive à la station du Guéry : Nadège est là ! Pas de ravito autorisé hors des points prévus : On file. Puy de l'Ouire et celui de l'Aiguiller. Lac Servière. La Pessade : ça court globalement.

Arrivée du ravito de Pessade (20e km), nous sommes les 5 premiers du challenge ensemble. Je sais aussi que je ne vaux rien dans le faux plat à venir vers le col de la croix morand et qu'il faut que je m'accroche. Telle une prophétie autoréalisatrice, je donne raison à mes craintes et je laisse partir tout le monde.

Nadège et le Col de la Croix Morand est là : fin du calvaire. Je suis dans le timing prévu : pile 3h sur les 6h30 ; pas d'avance aujourd'hui. Désormais, c'est mon terrain : de la montagne, de la rando ! J'y suis passé 15 jours plus tôt avec Juliette dans les mêmes conditions : brouillard et vent latéral. Je déplie les bâtons et j'appuie.

Je remonte des coureurs sur le puy de Tache (souvenir d'une entorse 3 ans plus tôt en stage trail avec le club parisiens du CS Ternes). Je discute avec des coureurs. On se lache, on repapote avec un autre. Les Puys s'enchaine avec Monne, Barbier, Angle. Col de la Croix Saint Robert, Dombize et ça descend vers les cascades et Mont-Dore. Je descends plutôt bien, les sensations sont bonnes.

J'arrive au ravito du 39e. Nadège et ma nouvelle supportrice Jade sont là : "Aller Doudou !". Cette dernière respire la joie de vivre, ça fait du bien. Nadège m'indique que je suis 3e du challenge et que les 2 premiers ne sont pas loin : 5 min, c'est tout juste pour garder ma 2e place. Je ne traîne pas : il reste Puy Gros, 500mD+ et 12km.

Je suis seul. Je me fais doubler par le 1er du 36km, puis le 2e : on est pas sur la même course, pas de la même planète. J'ai l'impression de monter à bon rythme mais je suis sans repère.

Sorti du bois proche du sommet, je vois 2 coureurs du challenge sur le lacet en dessous : il remonte vite... trop vite. Je n'étais pas dans le rythme finalement. Je me donne les moyens de les tenir à distance mais ils me rejoignent au sommet. Je sais que la descente est technique et pour moi... sauf qu'ils me distancent. Ils ont le couteau entre les dents.

Mon moral oscille : je pense au We prochain où nous devons faire du tandem sur 3 jours avec Nadège et que ne veux pas me blesser ; puis je me dis que j'ai rarement l'occasion de jouer un podium et que je dois m'accrocher. J'ai fait une croix sur la 2e place, mais je ne dois pas lâcher le podium !

Je remonte sur eux dans les montées marchées, ils me décrochent sur les plats et descentes.

L'arrivée arrive enfin. Je les laisse partir sans forcer : le podium sera au rendez-vous.

Je perds 45 sec sur le dernier kilomètre mais ce n'est pas important.

Je passe la ligne en 6h20 pour 51km et 2400mD+. Le responsable de la course me dit qu'il doit calculer le classement car ça se joue à pas grand chose. Il m'annonce que je suis 2e pour 2 sec ! On se félicite mutuellement : je suis content mais un peu gêné pour le 3e. 2 sec sur 11h09...

Le responsable de course revient... gêné lui aussi : "Euh, je me suis trompé, je suis vraiment désolé, c'est l'autre qui est 2e et toi, tu n'es pas sur le podium, tu finis 5e." Hum hum... je joue pas ma vie, mais là, je suis déçu et je ne comprends pas. On est tous dubitatifs et on lui demande de vérifier. Il revient : "Euh oui, j'ai pas regardé la bonne colonne : tu es bien 2e pour 2 sec."

Un pseudo podium : les 3 premiers hommes du challenge et la première seule unique femme.

Je suis fier de mettre le maillot XTTR pour ce premier podium. 

Je relativise la perf sur ce trail familial lorsque les (vrais) traileurs sont sur le grand raid des Pyrénées ou en pré-repos ultra trail du Mont-blanc. Pas grand monde, un niveau peu relevé mais ça fait du bien de se sentir bien après l'échec Clermont Lyon en juin. Ce sont des instants positifs qu'il faut savoir saisir. 

Un peu de repos à prévoir pour vendredi 27 août : on fait Clermont-Agen en tandem sur 3 jours avec Nadège ! Heureusement, le tandem a une assistance électrique, ça pourra aider

Jérôme Depierre